Bien avant l’Horloge de l’Apocalypse, le Monstre de Grimont et les problèmes scolaires d’Adam, Eype et Lisa, il existe une autre époque de Flextstory. Une époque plus brute, plus libre, qui s’étend sur plus de dix années de maturation et de constructions successives. Dix ans qui ont façonné, petit à petit, la version que vous connaissez aujourd’hui. Et c’est cette histoire-là, l’envers du décor, que je vais commencer à vous raconter ici.
Si vous mettiez un pied chez moi, vous ne pourriez pas manquer les quelques dessins accrochés autour de mon bureau. Certains sont récents, des concepts arts de Flextstory 2025 qui servent à m’inspirer, d’autres bien plus anciens. Un mélange de digital et de crayon de bois. Et si jamais vous vous mettiez à fouiller un peu trop, vous tomberiez sur des classeurs, semi-organisés, où dorment mes tout premiers croquis d’Adam, Eype et toute la bande. Mais aussi des storyboards, des scripts, des essais, racontant sous mille formes les aventures de ces personnages.
À l’époque, le ton était très différent. Plus absurde. L’ambition ? Une série animée mêlant absurde, aliens, et cookies. Rien de moins.
Alors laissez-moi, juste un instant, vous conter la toute première aventure de ce qu’aurait pu être Flextstory… si j’avais commencé à publier en 2015.
Épisode 1 : L'invasion de Summer Paradise
La nuit vient à peine de tomber sur Summer Paradise. Une ville tranquille, presque trop. Les enfants dorment, les parents aussi, les rues sont vides — tout semble figé. Soudain, un vacarme lointain déchire le silence dans une banlieue paisible.
Eype, jeune homme encore vaseux de sa journée, sursaute : son téléphone vibre avec insistance. Au bout du fil, la voix paniquée d’Adam Smith, son meilleur ami.
— « Faut que tu viennes. Maintenant. »
À moitié réveillé mais déjà sur la route, Eype découvre Adam en pleine rue, planté là, les yeux rivés au ciel. Et ce qu’il voit le fige lui aussi : un vaisseau extraterrestre, suspendu dans l’air, silencieux et massif.
Ils restent un instant sans voix. Puis Eype rompt le silence :
— « Qu’est-ce que c’est que ce délire ? »
Adam, essoufflé, commence à balbutier :
— « J’étais en train de… voler un camion de Cookies Slinky, et là… des aliens m’ont pris en chasse pour me le reprendre. »
Eype cligne des yeux.
— « Attends. Tu as volé un camion. De cookies. Et des aliens te coursent… pour ça ? »
Le concept est absurde. Pourquoi des êtres venus d’ailleurs connaîtraient-ils même l’existence des Cookies Slinky ? Et surtout… pourquoi en vouloir autant à des biscuits ?
Mais Adam n’a pas fini. Il hurle des insultes en direction du vaisseau, menace, gesticule, lance même des cailloux. Sans effet. Jusqu’à ce qu’un immense canon laser émerge soudainement de la carlingue du vaisseau. C’est le signal : il est temps de fuir.
Ni une, ni deux, les deux compères sautent dans la voiture d’Eype. Le moteur rugit, et la course-poursuite commence dans les rues assoupies de Summer Paradise.
Au détour d’une rue, un homme titube : c’est Seventh, complètement ivre après une soirée trop arrosée. Il sort du bar, bouteille en main, et manque de se faire renverser par la voiture lancée à pleine vitesse. Il insulte les conducteurs… jusqu’à ce qu’un objet non identifié lui frôle la tête à toute allure. Il reste figé. Sa bouteille tombe au sol. Promis-juré, il ne boira plus jamais.
Pendant ce temps, dans l’habitacle, Adam continue de raconter sa version de l’histoire comme si Eype n’avait pas déjà tout vécu en direct. Énervé, Eype allume la radio — un message étrange y est diffusé en boucle, presque illisible :
« NOUS… XWIONS… CAPTURER… FLEXT… »
Ça n’a aucun sens.
Adam fouille sous le siège, en sort un bocal de cookies, en prend un, croque.
— « T’avais ça sur toi depuis le début ?! », s’énerve Eype.
— « Tu crois qu’ils vont nous tuer ? », demande Adam en mâchant lentement.
— « On a tout risqué pour ça ?! »
— « Je pense qu’ils vont nous tuer. Ou… faire une fouille anale. »
Eype n’en peut plus. Il jette un regard au rétro… qui explose dans une gerbe d’étincelles. Les tirs laser commencent à pleuvoir sur leur voiture.
Braquage sec. Eype s’engouffre dans une ruelle étroite. L’ambiance devient surréaliste. Et soudain — BAM — quelque chose s’écrase sur le capot.
Les deux garçons sortent, sonnés, égratignés. Derrière eux, un grognement rauque. Un alien gigantesque, au visage difforme, surgit. Tentacules grouillants, yeux enfoncés. Il attrape Adam par la cheville et le projette dans les airs.
L’alien s’approche, prêt à frapper. Mais à cet instant, un vacarme mécanique se fait entendre. Un camping-car fonce à toute allure et percute de plein fouet la créature, la réduisant en pulpe gluante.
La portière claque. Un homme descend, souriant :
— « Salut les gars. Je vous ai manqué ? »
C’est Simon. Leur ami d’enfance.
Sans attendre, ils se réfugient tous les trois dans un CoffeeMetro, un vieux diner à l’américaine, avec banquettes rouges et café filtre à volonté. Simon explique qu’il était sur la piste de ces aliens depuis un moment. Il savait qu’ils attaqueraient Summer Paradise.
Pendant qu’Eype et Simon échangent, Adam lève les yeux vers la télévision. L’image du nouveau maire s’affiche. Zut. Il devait couvrir son investiture. Il l’appelle aussitôt pour l’alerter. Des aliens rôdent dans la ville.
Mais l’appel est court. La ligne est brouillée. Quelque chose ne va pas.
De retour dans le diner, Eype signale qu’ils n’ont pas d’argent pour payer. Il propose de vendre Adam et des cookies en échange. La serveuse les jette dehors, furieuse, et ferme la porte à clé.
Sur le trottoir, un chat noir les attend, immobile. Étrangement calme. Intrigué, Eype interpelle un passant.
— « Vous pouvez nous aider ? »
L’homme s’approche. Il s’appelle Gilles, docteur. Simon lui demande de prendre le chat. Gilles refuse : allergique. Adam lui tend une boîte de cookies en guise de pot-de-vin. L’homme hésite, puis accepte.
Il caresse l’animal… mais rien. Pas d’allergie. Étrange.
Puis, sans prévenir, le chat se métamorphose et dévore Gilles en un éclair.
Horrifiés, les trois amis fuient dans le camping-car. Le chaos est total. Les aliens savent qui ils sont. Ils les traquent. Ils les attendent.
Le téléphone sonne. C’est Bryan. Il hurle : « Le maire… ils sont en train de l’enlever ! »
— « Quoi ?! Enlever ?! »
— « Regarde la vidéo que je t’ai envoyée. »
Sur l’écran, les images défilent : une foule, des cris, des faisceaux lumineux. Des dizaines de personnes sont aspirées vers le ciel.
Ils s’arrêtent en plein centre-ville. Leurs regards s’élèvent.
Au-dessus d’eux, un ciel constellé de vaisseaux.
L’invasion a commencé.
Moralité : Faites attention aux cookies Slinky, aux aliens et à Adam Smith !
C’était un peu n’importe quoi.
Et c’est peut-être pour ça que ça a si bien marché à l’époque.
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